L'interview de Bruno SALOMON


Article paru dans la revue de février 2016

Bruno SALOMON
Podologue à Niort

Secrétaire Général de la FNP

Vice-Président délégué de la CARPIMKO

 

"Les Podologues doivent se réapproprier leur avenir et participer massivement aux élections à la CARPIMKO !

La question des retraites devient centrale dans notre société avec le menaces qui pèsent sur l'équilibre du système de retraite par répartition. La CARPIMKO est la caisse de retraite des auxiliaires médicaux. vous en êtes depuis de nombreuses années un des principaux responsables, aujourd'hui vice-président délégué. Parlon clair, la CARPIMKO, et donc la retraite notamment des podologues, est-elle menacée ?

Régulièrement, en effet, les vendeurs de peur, annoncent la faillite de la CARPIMKO, uniquement dans le but de vendre leurs produits. Nous vivons dans une époque individualiste, de presse-bouton, du tout tout de suite. Ce qui est en totale opposition avec la philosophie d'une caisse de retraite par répartition telle la CARPIMKO basée sur la mutualisation, la solidarité inter générationnelle et sur la pérennité.

Aussi, il est important d'affirmer que, tout au contraire des oiseaux de mauvaise augure, et en conservant les critères actuels de renouvellement démographique et de gestion, le régime complémentaire, piloté par la caisse, donc par ses administrateurs élus, aura un résultat positif annuel pendant encore une trentaine d'année !... Ce n'est qu'à l'horizon 2045 que les premiers déficits techniques devraient apparaître et qu'il faudra commencer à piocher dans les réserves. 

 

On voit bien là que la notion du tout de suite est très éloignée et que le travail de l'administrateur doit s'étaler sur la durée et prévoir les solutions sur le long terme !

C'est sans doute pour cela que vous n'augmentez pas les cotisations, ce dont se réjouissent les podologues ?

En effet, il ne serait pas juste, sous prétexte d'anticiper le long terme, d'assommer les professionnels d'aujourd'hui ! C'est pourquoi, pour 2016, la CA de la CARPIMKO a décidé de ne pas augmenter la cotisation du régime complémentaire et pour la 8ème année consécutive a maintenu la même cotisation au niveau du régime invalidité-décès, et ce, malgré les modifications largement à l'avantage des professionnels qui ont été apportées à ce régime durant cette mandature.            

Donc tout danger est écarté ?

Le principal danger qui guette la CARPIMKO vient non pas de sa prétendue mauvaise "santé", mais au contraire de sa forme qui fait de nombreux envieux. Le risque majeur est la captation de nos réserves par d'autres caisses n'ayant pas les mêmes ressources. La question s'est déjà posée de faire sécession de la CNAVPL [1] lors des dernières réformes qui tendent à définir un modèle unique pour l'ensemble des caisses des professions libérales. Si demain on devait nous imposer une mutualisation de nos réserves du régime complémentaire, ce ne serait plus une simple menace que nous brandirions ! Mais pour cela il faut pouvoir être forts et unis, c'est pourquoi une participation importante aux élections de juin est capitale, afin de montrer l'importance que mettent les professionnels dans la survie de leur bien commun qu'est la CARPIMKO.

Face aux menaces, réelles ou pas, qui pèsent sur les systèmes de retraite par répartition, certains sont tentés de se retirer et de rechercher par eux-mêmes des solutions de capitalisation, les comprenez-vous ?

En effet, l'autre risque qui guette la CARPIMKO, est la tentation qu'ont certains professionnels de se désengager du système de solidarité tel que définit pour la Sécurité Sociale en France et de rompre ainsi le contrat intergénérationnel. C'est un risque pour la CARPIMKO car le principe de solidarité ne peut plus fonctionner si certains décident unilatéralement de s'en défaire. Ces professionnels, outre le fait qu'ils sont dans l'illégalité et qu'ils risquent des sanctions très importantes, mettent en péril leur propre retraite en succombant aux chants des sirènes, mais aussi, et c'est plus grave, celles de tous les autre professionnels en n'apportant plus leur contribution au contrat intergénérationnel. Cela reste aujourd'hui marginal mais encore une fois dans cette société individualiste, du tout tout de suite, la tentation est forte pour nombre de professionnels. C'est de notre rôle d'administrateur aussi de mettre en garde contre cette dérive.

Vous avez sans doute raison d'alerter sur les risques que comporte cette volonté de désengagement mais celle-ci est l'expression d'un vrai doute ?

En effet, c'est aussi notre rôle d'administrateur d'entendre ces professionnels qui en voulant partir expriment leurs inquiétudes vis à vis du système et leur manque de confiance du en grande partie à un manque d'information. Il nous faut rétablir la confiance entre les cotisants et la caisse qui est avant tout leur caisse ! Le CA de la CARPIMKO a mis en place un site d'information dédié [2], malheureusement encore trop peu visité, mais qui pourtant pourrait permettre aux professionnels de mieux comprendre les enjeux et la complexité du dossier retraite. 

Pour ma part je suis très présent sur les réseaux sociaux et les professionnels qui y sont également savent que je suis toujours prêt à répondre aux questions et à débattre des sujets qui nous préoccupent.

La vice-présidence de la CARPIMKO représente une lourde charge, qu'est-ce qui motive de votre part une candidature pour un nouveau mandat ?

La CARPIMKO est une organisation complexe, et tout nouvel administrateur a un temps important d'adaptation et de compréhension de l'ensemble des rouages. En m'engageant pour un nouveau mandat, je souhaite mettre à profit mon expérience acquise au cours des ans pour oeuvrer pour les intérêts des professionnels au sein de la caisse. Je souhaite également permettre à ma suppléante de se préparer pour prendre le relais dans 6 ans.  

Comment convaincre les podologues que leur vote aux prochaines élections est important ?

Le taux de participation ne devrait pas être un enjeu, pourtant malheureusement cela en sera forcément un ! Lors des dernières élections, on a vu celui-ci battre un record historiquement bas pour notre collège, s'établissant à moins de 30 % ! Depuis 1987, élections après élections la courbe est implacable passant de près de 50 % à ce résultat de 2013. Il faut absolument briser cette dégringolade ! Les podologues doivent se réapproprier leur avenir et participer massivement à ces élections.

[1] CNAVPL: Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse des Professions Libérales

[2] Retraites et équité: http://www.retraites-et-equite.com/

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Commentaires: 2
  • #1

    Charlotte AUPETIT (vendredi, 06 mai 2016 08:55)

    Merci pour ton engagement et ton dévouement. Espérons que nos confrères aient compris l'importance de voter à ces élections....

  • #2

    Bruno Salomon (vendredi, 06 mai 2016 09:06)

    Merci Carlotta !
    J'espère aussi. Et je compte sur toi pour le leur rappeler !...

Le 21 juin prochain se dérouleront par correspondance les élections permettant de renouveler les membres du conseil d'administration de la CARPIMKO. Les Podologues y disposent de 2 sièges.

Nous vous invitons à parcourir ces pages afin de comprendre l'enjeu de ces élections et l'importance de votre vote.

La liste FNP, soutenue par le seul syndicat représentatif de la profession, doit recueillir un maximum de votes afin que la voix des Podologues continue de se faire entendre au sein du conseil d'administration de la CARPIMKO.

  • La CARPIMKO est-elle obligatoire ?


OUI.
Nous avons publié dans la revue de janvier un article[1] sur le caractère obligatoire des cotisations sociales en France dans la cadre générale de la Sécurité Sociale y compris pour la branche retraite. Dans son dernier arrêté du 22 octobre dernier la Cour de Cassation a affirmé qu' "Il ne saurait être sérieusement soutenu" que les articles L.111-1, L.11-2-1 et L.111-2-2 du code de la sécurité sociale, qui imposent le principe de solidarité et le caractère obligatoire de l'affiliation à un régime de sécurité sociale, sont contraires à la liberté d'entreprendre, à la liberté contractuelle, à la liberté personnelle et précisément, à la liberté personnelle du choix de son assurance.". La Cour a de ce fait refusé de renvoyer au Conseil Constitutionnel une QPC [2] transmise par un gérant de SARL qui contestait le caractère obligatoire de son affiliation au RSI.

  •  Dois-je continuer de cotiser à la CARPIMKO si je ne suis pas conventionné ?

 

OUI. L'affiliation à la CARPIMKO est obligatoire pour tous les podologues exerçant en libéral. Le fait d'être conventionné ou pas n'y change rien. La seule différence se fait sur l'affiliation au régime ASV, dit régime des praticiens conventionnés. En cas de non conventionnement, le professionnel ne relèvera donc pas de celui-ci.

Pour rappel, pour une cotisation de 190 € annuelle (+ 380 € abondés par l'Assurance Maladie), l'ASV représente encore aujourd'hui près de 10 % de la pension de retraite du podologue.

 



[2] QPC: Question Prioritaire de Constitutionalité - Procédure qui permet une procédure de contrôle de constitutionnalité sur les lois déjà promulguées